Il pourrait s'agir de dévelloper une réflexion sur la réalité des frontières sexuelles et particulièrement des divers intermédiaires tels que les  hermaphrodites. La naissance de personnes à sexe intermédiaire ou indéterminé est de fait beaucoup plus commune que l'on peut l'imaginer. Beaucoup de gens ne sont même pas au courrant d'être né-e hermaphrodite. La décision d'opérer est souvent prise sans consultation des parents, ou de qui que ce soit d’autre (sans parler de la première personne concernée bien sûr), par les seuls médecins des maternités. Ce sont des pans entiers de possibles identités sexuelles qui sont ainsi anéantis. Ce qui effraie bien sûr, et qui justifie l’usage du scalpel, c’est que les hermaphrodites font le lien entre les deux sexes et nient de par leur existence même l'idée d'une frontière bien définie entre les sexes. Les individuEs intermédiaires ainsi « normaliséEs » ne mettent plus en danger le dogme des sexes.
On peut aussi parler des asexes de Greg Egan, - et de tout le panel d'identités sexuelles entre l'hyper-homme et l'hyper-femme, dans « L'énigme de l'univers » - l'identité sexuelle à la carte dans une société technologique ou le corps est totalement modifiable. C'est le chemin inverse de la censure biologique des médecins des maternités actuelles et qui commence à prendre réalité dans le mouvement queer. Le mouvement queer, peut-être précurseur d'une telle société — même si ce n'est sûrement pas encore pour demain —  constitue aussi un sujet assez incontournable du thème des frontières sexuelles.
Ci-contre des photographies d'un travail de Lawick&Müller qui utilisent la technique numérique du morphing pour passer du portrait d'un homme à celui d'une femme. La technique est d'une banalité extrême et n'impressionne plus vraiment (on se souvient du clip de M.Jackson et d'une grande quantité d'autres des années 90). Le plus intéressant ici est de voir comment sont perçues  les étapes intermédiaires entre la première et la dernière photo.
Des scientifiques ont récemment fait une étude  avec des séries comme celle-ci, pour déterminer à partir de quelle étape du morphing les gens considéraient qu'il s'agissait d'une femme ou d'un homme (évidemment l'asexe n'a pas sa place dans cette étude). Il en ressortait que les photos charnières n'étaient pas du tout les mêmes selon les catégories sexuelles interrogées et selon l'environnement (s'il s'agit d'une femme vivant en non-mixité ou principalement avec des hommes) des personnes interrogées et que l'image de l'identité sexuelles peut aussi très rapidement changer en changeant d'environnement. (L'étude a aussi été réalisée sur la perception des frontières « ethniques».) Pour plus de détails, il faut absolument que je retrouve cet article.

 


Terre Thaemlitz

 

 

 

 

 

La frontière des genres, La frontière des sexes.